mercredi 29 novembre 2006

Sous la voute

Dans le cadre du diptyque3.2 d' Akynou, et sur une photo d' Antoine photographe Canadien... je venais de lire Dom



Voilà plus d'une heure que Heinz, ce vieil allemand bourru est parti chercher de l'aide me laissant seul ici sous cette immense voute. Le froid me gagne lentement, l'immobilité ne me sied pas ni l'attente n'est mon fort. Il y a seulement 6 mois que j'ai débarqué sur cette terre hostile et les habitudes sont dures à perdre. J'ai beau être solidement bati, 1,87m. pour plus de 100 kgs, en pèriode de gel, la température canadienne n'a rien de comparable au climat tropical qui caresse mon île !

Lassé, abattu, je dévore pourtant des yeux ces grands arbres qui s'élancent comme dans une quête pour atteindre je ne sais quel sommet. Un pic, un col visible que de la seule forêt, un paradis perdu, un cimetière aux éléphants.


photo d' Antoine

Ma main écorchée, crevassée, effleure les jeunes pousses de quelques centimètres, lesquelles, çà et là s'extraient de la terre gelée et percent la douce et tendre mousse qui tapisse le sol. Rêvassant plus encore, j'imagine la terrible lutte que se font ces arbrisseaux si frêles et souples pour devenir ces géants majestueux, ces amants des nuages. Le tableau est splendide, je m'évade peu à peu.

Au glissement de la rivière qui coule en contrebas fait écho le « tac tac » sourd du bec d'un pivert ici, le craquement d'une branche chargée de lourde neige plus loin.
J'admire silencieux cet éventail sonore, me délecte à la vue du vol des écureuils, les compare aux enfants dans un jardin public sautant d'un tourniquet vers une balançoire. Quelque peu assommé, j'hume avec ardeur l'odeur incroyable que dégage la sève des arbres à laquelle vient se marier ce magique fumet de la terre imprégnée de rosée.

Je m'oxygène, j'emplis mes poumons, lève les yeux au ciel et me sens minuscule. C'est sublime.

Perdu dans ces doux songes faits de formes éclatées aux couleurs chlorophyles, alors même qu'un rai courageux perce la canopé et vient lecher le coeur d'un christal de givre, au loin, je devine des pas. Doucement je m'extrais du neigeux duvet de mes rêves, me libère lentement d'abstraites pensées, regrette déjà un peu de n'être pas un aigle.

Heinz déboule en courant, tire sur la corde avec rage, fait vrombir la tronçonneuse, la chaîne attaque déjà l'écorce d'un molosse...

il a trouvé de l'huile !
Perdre une journée, ç'aurait été trop con !











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