mardi 12 décembre 2006

4 juin 1990

Ce 4 Juin 1990, le regard de l'agent fut terrible, je ne pouvais être qu'un fou ou un plaisantin et ma déposition ne saurait être retenue. C'était évident, le procureur prendrait l'affaire en main, il m'en coûterait ce qu'il m'en coûterait car il est des domaines régaliens qui ne peuvent laisser place à ce type d'originalité ou à la fantaisie.

Malgrè une bonne humeur évidente et affichée, en mon for intérieur je ne pu m'empécher de douter un instant.

Celà faisait pourtant des mois que l'idée avait germé et que la décision avait été prise. Nous avions déjà enduré les railleries des copains, jamais bien méchantes, mais dont nous nous serions passés. Nous avions surtout affronté les critiques féroces des familles, puis, sachant leur cause perdue, leurs regards moralistes, leurs infimes allusions glissées dans la conversation.

Moi j'en étais sûr et la place du doute avait disparu, elle ne pourrait aimer et n'être aimée que d'un poète, d'un Appolinaire ou d'un Gainsbourg à minima, quelqu'un hors du commun pour quelqu'un d'exceptionnel.

De plus, en Provence, dans les milieux qui parlent encore l'Oc ou le patois du païs, les gens sont fiers de leurs créations, parfois au point de donner à l'article qui précède leurs noms toute une signification, comme si le "le" ou "la" prenait une forme d'unicité. Pourquoi aurai-je échappé à la règle.

"Le regard de l'agent fut terrible..." disais je. Soulevant péniblement sa mauvaise humeur et une fatigue probablement innée, celui ci fit l'incroyable effort d'engager des recherches avancées, le contenu de son calendrier l'obligeant à aller plus avant.

La vieille armoire métallique au fond du bureau dont elle sortit quelques vieux bouquins poussiéreux devenait sur cet instant mon unique espoir, une planche de salut.

Les trois premiers tomes n'ayant fait que conforter son idée, face à mon insistance, l'agent d'état civil ouvrit un quatrième ouvrage dans lequel ce prénom figurait enfin... quelques minutes plus tard, à la maternité, j'écrasais cet enfant dans mes bras.

Elle avait le prénom choisi par ses parents : Lou














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5 commentaires:

RhP a dit…

deux liens : j'ai des doutes sur le sérieux du 1er mais il prétend disposer de sources INSEE... alors même si j'ai aussi des doutes sur l'INSEE ...

http://www.linternaute.com/femmes/prenoms/prenom/5354/1990/1983/lou.shtml


et ici j'ai trouvé un résumé simple mais qui à l'air de correspondre à ce que je connais du sujet en terme de droit ...

http://www.babyfrance.com/prenoms/img/titre2.gif

Anonyme a dit…

Je n'ai eu aucun problème a déclaré Lou (la mienne) à l'état civil. Je sais que maintenant (mais depuis quand ?) le choix des prénoms est très grandement facilité et les officiers d'état civil ne peuvent refuser que les prénoms ridicules ou injurieux.

Cela dit, mes parents ont connu bien des affres pour déclarer certaines de mes sœurs.

Pour moi l'origine de Lou, c'est un diminutif de Louise. c'est en tout cas le cas de la Lou d'Appolinaire, et de bien d'autres. Mais qu'importe… C'est un si joli prénom :-)

En tout cas une belle photo racontée

Anonyme a dit…

Le ien 2 est celui d'un gif, en l'occurence celui du titre

Anitta a dit…

Pleinement d'accord avec Akynou. D'abord sur le diminutif de Louise (un prénom cher à mon coeur) et sur la beauté de Lou ;-)

Sylvain Lagarde a dit…

une jolie histoire cher Laurent... pour une jolie photo



j'espère que désormais tu lui écris des poème ou des lettres...