Malgrè une bonne humeur évidente et affichée, en mon for intérieur je ne pu m'empécher de douter un instant.
Celà faisait pourtant des mois que l'idée avait germé et que la décision avait été prise. Nous avions déjà enduré les railleries des copains, jamais bien méchantes, mais dont nous nous serions passés. Nous avions surtout affronté les critiques féroces des familles, puis, sachant leur cause perdue, leurs regards moralistes, leurs infimes allusions glissées dans la conversation.
Moi j'en étais sûr et la place du doute avait disparu, elle ne pourrait aimer et n'être aimée que d'un poète, d'un Appolinaire ou d'un Gainsbourg à minima, quelqu'un hors du commun pour quelqu'un d'exceptionnel.
De plus, en Provence, dans les milieux qui parlent encore l'Oc ou le patois du païs, les gens sont fiers de leurs créations, parfois au point de donner à l'article qui précède leurs noms toute une signification, comme si le "le" ou "la" prenait une forme d'unicité. Pourquoi aurai-je échappé à la règle.
"Le regard de l'agent fut terrible..." disais je. Soulevant péniblement sa mauvaise humeur et une fatigue probablement innée, celui ci fit l'incroyable effort d'engager des recherches avancées, le contenu de son calendrier l'obligeant à aller plus avant.
La vieille armoire métallique au fond du bureau dont elle sortit quelques vieux bouquins poussiéreux devenait sur cet instant mon unique espoir, une planche de salut.
Les trois premiers tomes n'ayant fait que conforter son idée, face à mon insistance, l'agent d'état civil ouvrit un quatrième ouvrage dans lequel ce prénom figurait enfin... quelques minutes plus tard, à la maternité, j'écrasais cet enfant dans mes bras.
Elle avait le prénom choisi par ses parents : Lou

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